Saturday, September 12, 2015

Calculs sur un coin de table...

Billet remanié sérieusement le 12/09 pour prendre en compte les remarques qu'on m'a soufflé dans l'oreille

Je pose ça là, ces petits calculs qui je l'espère démontre un peu l'hypocrisie des tarifs de prix des "gros" éditeurs, et de leur pseudo défense des droit des auteurs...

Pour rappel, le % droits d'auteurs sur le numérique sont, dans les grands groupes d'édition, alignés sur le % du papier, autour de 10%.

Bon, je ne vous demande pas de me croire sur parole, c'était dit il y a un tout petit moins d'un an au Forum SGDL sur la rémunération des auteurs. Regardez donc la vidéo lors du dialogue Marie Sellier/Vincent Montagne à 20:40 (10% de droits qui diminuent vers 8) et 28:30 au sujet des taux identiques entre le numérique et le papier.

20€ Papier 10€ EBook 10% 10€ EBook 20%
Libraire 8€ 40% 3€ 30% 3€ 30%
Diffuseur Distributeur 3€ 15% 1€ 10% 1€ 10%
Fabrication 3€ 15% / / / /
Editeur 4€ 20% 5€ 50% 4€ 40%
Auteur 2€ 10% 1€ 10% 2€ 20%

Bon, on y constate quoi dans ce premier tableau ?

Première série de 2 colonnes, la répartition entre les différents maillons pour un livre papier

Seconde série, vente du livre numérique avec le pourcentage droits d'auteurs "papier" appliqué au numérique. Avec un prix de vente divisé par deux, on voit un reversement à l'auteur divisé par deux également... Alors que l'éditeur gagne PLUS sur ce livre. Alors que ça impose un "sacrifice financier" à l'auteur, l'éditeur a une marge plus importante sur le livre !

La troisième série montre la répartition avec un pourcentage doublé à 20% sur le numérique, et prouve que même dans ces conditions, aussi bien l'auteur que l'éditeur sont autant "rémunérés" sur la vente du livre numérique que sur celle du livre papier. Evidemment, l'imprimeur, le diffuseur, le distributeurs et le libraires sont BIEN moins gagnants, et il va se soi qu'ils n'ont AUCUN intérêt à cette migration. N'oublions pas d'ailleurs que certains groupes d'édition ont également des "filiales" d'impression, diffusion, distribution...

Je vois venir la remarque que je n'ai pas pris en compte la "fabrication" de la version numérique, mais je ferai remarquer qu'en contrepartie, je ne prend pas en compte la réduction des risques et coûts d'immobilisation de la fabrication des livres papier.

On m'a fait remarquer que les coûts d'impression numériques ne sont pas si négligeables que ça pour les petites maisons d'éditeurs notamment. Ce à quoi je répondrai la chose suivante : les petits éditeurs que je connais se répartissent en deux catégories : celles des pseudo-éditeurs qui font du compte d'auteur, et celle des éditeurs passionnés bien souvent plus équitables et proposant de meilleures répartitions que les 10% dont on parle plus ici. Ces éditeurs là, je les aime d'amour ! et c'est clair qu'entre une taille plus petite et des conditions plus équitables, ils tirent la langue pour faire une version numérique... Ils ont tout mon respect.

Et j'en profite pour poser l'hypothèse de travail que la répartition "2/3 pour l'éditeur, 1/3 pour l'auteur" constatée dans le papier serait équilibrée, et permettrait à l'éditeur de rentrer dans ses frais et de prendre des risques sur d'autres livres, pendant que ça compenserait correctement l'auteur. Je considère pour ma part que 1/2 pour chacun serait plus "juste", mais bon, on va "supposer" l'usage équitable...

On peut aussi remarquer qu'une telle différence de prix entre les deux versions est inacceptable pour les diffuseurs/distributeurs/libraires, c'est pourquoi je fais une nouvelle version du tableau avec un ebook à 15€ "plus acceptable par la chaîne historique" (encore en dessous il me semble du prix "moyen" des ebooks de la rentrée littéraire)

15€ EBook(1) 15€ EBook(2)
Libraire 4,5€ 30% 4,5€ 30%
Diffuseur Distributeur 1,5€ 10% 1,5€ 10%
Editeur 7,5€ 50% 6€ 40%
Auteur 1,5€ 10% 3€ 20%

Dans la première hypothèse, correspondant je crois à ce qui se fait dans les grands groupes, j'ai posé un taux de 10% pour l'auteur, et on voit dans ses conditions qu'il perd sur une vente numérique 25% de son revenu par rapport au papier, il est dès lors très peu surprenant que les auteurs ne soient pas très demandeurs de version numérique.

Quand au fait que l'éditeur double presque ses gains, c'est sans doute un hasard.

Dans la seconde hypothèse, la répartition 2/3 , 1/3 est conservée, et dans ces conditions, aussi bien l'auteur que l'éditeur augmentent leurs gains de 50% par rapport à la version papier à 20€ ou l'ebook à 10€.

Bref, les auteurs en danger, je veux bien... mais je suis certain que plus d'un éditeur du SNE est capable de faire mieux que 10% de DA sur le numérique...

Comme d'habitude, n'hésitez pas à relever les erreurs, à me les remonter, je corrigerai...